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Carnet de voyage de Yann "Saint Jacques De Compostelle" du 02/05/2017 au 13/07/2017

Des nouvelles de Yann, parti en pélérinage sur la route de Saint Jacques De Compostelle.

     

Yann a salué la vierge noire du Puy-en-velay jeudi 4 mai, et il s'est  trouvé à pied d'oeuvre de la ribambelle de kilomètres qui mènent à Compostelle. Les deux premiers jours ont été enchanteurs...

 Album de Yann           

Dimanche 14 mai

Coucou du GR65 (dit chemin de lumière...éclairé aux ampoules laides)

Plus de mille ans que des hordes de baliseurs tatouent arbres et pierres du fameux logo rouge et blanc. Il faudrait être totalement bigleux, bourré ou avoir fumé la moquette de toute une suite présidentielle pour s'y égarer. De surcroit, il suffit de suivre les coquilles processionaires se dandinant vers la mère...
C'est devant le magnifique tympan de l'abbaye de sainte Foy à Conques dit du jugement dernier(où j'aime me situer à gauche)que j'écris ces lignes et vous invite à venir contempler.
Le Chemin mérite bien sa majuscule et sa constellation d'étoiles... En fait, il n'en fait qu'à sa tête!
Entre chaud et froid voici quelques instantanés:
 
Ultreia Yann   

Dimanche 21 mai

Laissez moi, aujourd'hui, vous montrer quelques photos de Montcuq, agréable étape sur le chemin de l'illumination. Le climat comme le relief c'est adouci.
Parti athée, les inombrables chapelles, chemins de croix et autres dolmens, le gîte chez les soeurs, frères, pères voire maires vous font douter de votre incrédulité. En fait, les pèlerins(nom qui vous est atribué d'office)sont animés d'une seule foi: celle qui déplace les montagnes.
Comme Romulus et Rémus, on ne sait plus à quel sein se vouer.
Au septième jour, lorsque le Créateur se reposa de la difficile élaboration d'Eve; il n'avait pas encore découvert le bois brésil qui lui aurait pourtant permi de teinter de rouge un côté de la Voie lactée aidant le futur pèlerin dans sa quête du "champ de l'étoile"...
Tant pis pour Pierre et Paul; c'est Jacques qui remporte le titre de Mageur!​

     

Vendredi 2 Juin 

Le Chemin est accessible  à tous, chacun à son rythme, avec ses propres étapes qu'il est difficile de définir tant les paramètres sont nombreux : dénivelés, climat, rareté des points de ravitaillement et d'eau.
Je marche entre 20 et 34kms tous les jours mais j'ai dû m'arrêter deux jours à Éauze (capitale de l'Armagnac-il n'y a pas de hasard...) pour tendinite suite à de longues étapes sous la canicule. La beauté des lieux et la qualité des gens que l'on y rencontre fait oublier que ce chemin millénaire est parfois de croix. Qui s'y aventure attrappe ce virus sans antidote qui l'obligera à y revenir... En fait ce sont les pèlerins de St Jacques qui, dans leur quête de rattraper le soleil couchant, font tourner la terre avec leurs pieds!...

Je suis à Arzacq-Arraziguet à une semaine de l'Espagne et de ses moulins.
 

Bonjour à tous.     Yann

Mardi 13 juin 

Hola,
Nous partîmes cinq cents ; mais sans prompt renfort. Nous nous vîmes trois pauvres pèlerins en arrivant à St Jean-pied-de-port. Tant, à nous voir marcher avec un tel visage. Les plus épouvantés reprenaient leur courage ! (un p'tit coup d'Cid, que diable!). Là, une armée hétéroclite fût levée pour aller bouffer du sarrazin transpyrénéen. En Espagne, les châteaux sont ainsi devenus des tours de Babel. La Pentecôte ayant bien aidé niveau communication...
Le climat est devenu méditerranéen et malgré la canicule, je veux, comme le grand Jacques: " atteindre l'inaccessible étoile".
(Vous remarquerez d'ailleurs, à gauche de la photo du pépé-pépère-pèlerin-per...sifleur, la présence de nombreux moulins).


Bisous de Puente-la-Reina 

Bon oeil mais pied  moyen. Mais la canicule n'arrête pas le pèlerin !

Buen camino.

Dimanche 25 juin

      

Pluie du matin n'arrête pas le pèlerin, soleil est assassin.
Après les amènes cépages de Navarre et Rioja, sur l'océan de blé déserté de la meseta en Castille, la canicule a décimé les coquilles (sauf dans le texte).
Chaque matin le pèlerin s'évertue à rattraper son ombre jusqu'à ce qu'elle disparaisse, puis il la fuit jusqu'au prochain gîte.
Santiago fait figure de mirage...
Ultreia.

Dimanche 29 juin

En cette région très praticante, nul besoin de baptiser les bébés; les cigognes omniprésentes sur le toit des églises s'en chargent avant de les livrer aux pieux parents.
Fi de ce plateau tourmenté, voici venir la  Galice, ses reliefs, son cidre, ses bombardes. A moins de quarante lieues de la photo-finish, Rocinante piaffe d'impatience.

Jeudi 13 Juillet (c'est l'aboutissement de ce long chemin )  (suite des photos ds album au-dessus)

Santiago. La vénérée cathédrale se fait un sérieux lifting(peut-être pour y retrouver une relique du saint). Pour les esprits non grégaires l'endroit peut déranger. Ensensé à souhait, le diplôme en poche(compostela), au doux son du biniou, je retourne demain voir le défilé...
Joannem, St Jacques de Compostelle le 13 juillet 2017

Le Chemin, on en revient pas certainement moins con mais plus bon.

Bravo Yann !!!!!

Voici la traduction du poème sur le chemin:

"Caminante, no hay camino... "
Toi qui marches, il n'existe pas de chemin
Tout passe et tout reste,
Mais le propre de l'homme est de passer,
Passer en faisant des chemins,
Des chemins sur la mer.
Je n'ai jamais cherché la gloire,
Ni cherché à laisser dans la mémoire
Des hommes ma chanson ;
J'aime les mondes subtils,
Légers et aimables,
Comme des bulles de savon.
J'aime les voir se peindre
De soleil et de rouge,
Sous le ciel bleu, trembler
Soudainement et se rompre...
Je n'ai jamais cherché la gloire.
Toi qui marches, ce sont tes traces
Qui font le chemin, rien d'autre
Toi qui marches, il n'existe pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant.
En marchant on fait le chemin
Et lorsqu'on se retourne
On voit le sentier que jamais
On n'empruntera à nouveau.
Toi qui marches, il n'existe pas de chemin
Si ce n'est le sillage dans la mer...
Il fut un temps dans ce lieu
Où aujourd'hui les bois s'habillent d'épines
On entendit la voix d'un poète crier
"Toi qui marches, il n'existe pas de chemin,
Le chemin se fait en marchant..."
. Coup après coup, vers après vers..

Caminante No Hay Camino       

Todo pasa y todo queda
Pero lo nuestro es pasar
Pasar haciendo caminos
Caminos sobre la mar

Nunca perseguí la gloria
Ni dejar en la memoria
De los hombres mi canción
Yo amo los mundos sutiles
Ingrávidos y gentiles
Como pompas de jabón

Me gusta verlos pintarse de sol y grana
Volar bajo el cielo azul
Temblar súbitamente y quebrarse
Nunca perseguí la gloria
Caminante son tus huellas el camino y nada más
Caminante, no hay camino se hace camino al andar

Al andar se hace camino
Y al volver la vista atrás
Se ve la senda que nunca
Se ha de volver a pisar
Caminante no hay camino sino estelas en la mar

Hace algún tiempo en ese lugar
Donde hoy los bosques se visten de espinos
Se oyó la voz de un poeta gritar
Caminante no hay camino, se hace camino al andar

Golpe a golpe, verso a verso
Murió el poeta lejos del hogar
Le cubre el polvo de un país vecino
Al alejarse, le vieron llorar
"Caminante, no hay camino, se hace camino al andar"

Golpe a golpe, verso a verso
Cuando el jilguero no puede cantar
Cuando el poeta es un peregrino
Cuando de nada nos sirve rezar
Caminante no hay camino, se hace camino al andar

Golpe a golpe, verso a verso

(Machado/Serrat)